Comment lutter contre le racisme anti-asiatique ?

Après avoir compris ce qu’est le racisme anti-asiatique et exploré ses effets psychologiques, nous terminons cette série par une question essentielle : comment agir, concrètement, pour le combattre ? Ce dernier article propose des pistes concrètes pour agir, sous deux angles : celui des personnes concernées, et celui des personnes non concernées.


Pourquoi agir ?

Le racisme sous toutes ses formes n’a pas sa place dans une société inclusive et solidaire. Le racisme anti-asiatique ne fait pas exception. Trop souvent banalisé ou ignoré, il a pourtant des conséquences profondes sur la santé, le bien-être et le sentiment d’appartenance des personnes concernées.

Lutter contre ce racisme est une responsabilité collective qui va au-delà des personnes directement touchées. Car le racisme ne se perpétue pas seulement par des actes violents ou explicites, mais aussi par le silence, l’inaction et l’indifférence de celles et ceux qui ne le subissent pas. C’est pourquoi la participation active des personnes non concernées est indispensable.

Dans les sections qui suivent, nous partagerons comment les personnes concernées et non concernées peuvent, chacune à leur place, agir concrètement pour lutter contre le racisme anti-asiatique.

Pour les personnes concernées : s’informer, se protéger, s’entourer

Reconnaitre le racisme anti-asiatique et s’informer

Lutter contre le racisme anti-asiatique ne doit pas toujours être une responsabilité individuelle, ni un fardeau porté seul·e. Néanmoins, il est essentiel, pour les personnes concernées, de reconnaître l’existence de ce racisme, d’en comprendre les mécanismes et les manifestations afin de déconstruire la honte ou le doute que ces discriminations peuvent engendrer.

S’informer et se former sur l’histoire des discriminations visant les personnes asiatiques en France et dans le monde permet de comprendre que ce que nous vivons n’est pas isolé, ni notre faute. Cette prise de conscience aide à remettre en question les stéréotypes, en réalisant qu’ils s’ancrent dans une histoire longue de racisme anti-asiatique, et à les déconstruire dans notre quotidien. Comprendre ces mécanismes est une étape clé pour reprendre confiance, mieux identifier les situations discriminantes et refuser de porter seul·e la honte ou la culpabilité.

S’entourer : se protéger et se reconstruire

Il est essentiel, pour nous, de s’entourer de personnes conscientes de ces enjeux et de pouvoir partager ce qu’elles vivent dans des espaces sûrs. Rejoindre un groupe de parole, un cercle de soutien ou une association comme Asiattitudes Family permet de rompre l’isolement et offre un espace pour se ressourcer, créer du lien et renforcer la solidarité.

Partager ses expériences et écouter celles des autres aide aussi à comprendre pourquoi l’on a souffert, en reliant sa douleur à des mécanismes de racisme systémique et non à une faiblesse personnelle. Cette compréhension est une étape essentielle pour surmonter ces blessures et avancer. Elle permet de déconstruire la honte ou le doute qui accompagnent souvent les discriminations et de reprendre confiance en soi.

S’entourer, c’est ainsi se donner les moyens de prendre soin de soi, de renforcer sa résilience, et de retrouver de la fierté dans ses identités, sans avoir à porter seul·e le poids de ces expériences.

Poser ses limites est un droit

Enfin, il est important de se rappeler que nous n’avons pas l’obligation d’éduquer les autres sur le racisme anti-asiatique. Il est fréquent que les personnes concernées ressentent une pression à expliquer, justifier ou prouver leurs expériences, que ce soit dans des conversations informelles, en milieu professionnel ou même dans des espaces militants. Cette pression, souvent invisible, peut devenir une charge émotionnelle lourde, qui épuise et fragilise.

Préserver son énergie, poser ses limites et choisir ses batailles sont aussi des formes de résistance. Refuser de répondre à certaines questions intrusives ne fait pas de nous des personnes “égoïstes”. Au contraire, c’est une manière de protéger sa santé mentale et de se concentrer sur ce qui nous aide à avancer. Cela peut passer par le fait de rediriger une personne vers des ressources accessibles, de dire simplement “je ne souhaite pas en parler”.

Se protéger est une étape légitime et nécessaire dans la lutte contre le racisme, car nous ne pouvons pas être dans l’action ou l’explication permanente sans prendre soin de nous. Lutter contre le racisme anti-asiatique, c’est aussi s’accorder le droit de se reposer, de guérir et de préserver son espace intérieur.

Pour les personnes non concernées : s’éduquer, soutenir et agir

S’éduquer et déconstruire ses propres biais

Les personnes non concernées ont un rôle essentiel à jouer, en commençant par s’éduquer de manière autonome sur l’histoire des communautés asiatiques, leurs luttes et les réalités du racisme qu’elles subissent, sans attendre des personnes concernées qu’elles fassent ce travail à leur place.

  • Réfléchir à nos biais inconscients, pour comprendre comment ils influencent nos attitudes et nos comportements, et ainsi évoluer vers des interactions plus respectueuses et inclusives.

  • Découvrir et valoriser la diversité des communautés asiatiques, leurs identités et leurs cultures, qui enrichissent la société française.

  • Ecouter des podcasts, lire des témoignages ou suivre des créateur·ices asiatiques sont des façons simples et puissantes de nourrir cette prise de conscience.

Soutenir par l'écoute et la validation

Le racisme anti-asiatique est souvent invisibilisé et banalisé, ce qui pousse de nombreuses victimes au silence, par peur de ne pas être crues ou de déranger. Pourtant, le soutien des proches, collègues ou allié·es est précieux.

  • Soutenir passe par écouter sans remettre en question les expériences des personnes concernées. Croire la parole de celles et ceux qui parlent de racisme, sans minimiser ni relativiser, est une étape fondamentale.

    • Écouter sans minimiser

    • Valider leur ressenti

Agir face aux discriminations

Agir face aux discriminations, c’est refuser de rester silencieux·se. Chacun·e peut contribuer à rendre les espaces plus sûrs en réagissant face aux actes et propos racistes, même dans les situations de tous les jours.

  • Refuser les blagues racistes et les remarques qui banalisent le racisme anti-asiatique, même lorsqu’elles se veulent “humoristiques”.

  • Intervenir lorsqu’on est témoin de discriminations ou de micro-agressions, en soutenant la personne concernée ou en dénonçant le comportement.

    • Proposer une aide concrète (signaler une agression, accompagner dans les démarches)

    • Partager des ressources juridiques et psychologiques

S’engager et agir collectivement

Agir contre le racisme anti-asiatique, c’est aussi choisir de s’engager au-delà de son quotidien. S’impliquer collectivement, soutenir les communautés concernées et relayer leurs voix sont des moyens concrets de participer à un changement durable.

  • Faire preuve de solidarité avec les communautés asiatiques, en soutenant les associations, les initiatives culturelles et les entreprises locales tenues par des personnes asiatiques.

  • Se mobiliser collectivement

    • Participer à des manifestations et des campagnes de sensibilisation

    • Soutenir les initiatives antiracistes qui incluent la lutte contre le racisme anti-asiatique

    • Relayer la parole des concerné·es sur les réseaux sociaux

Chaque action, même modeste, contribue à changer les mentalités et à renforcer la sécurité des personnes concernées.

En conclusion

Agir contre le racisme anti-asiatique, c’est s’engager à son échelle, selon sa place et ses ressources, pour construire une société plus juste, où chaque personne peut vivre sans peur ni honte. Cela commence par reconnaître que ce racisme existe, comprendre ses mécanismes, et y répondre par des actions, petites ou grandes, individuelles ou collectives.


Ressources pour aller plus loin

📌 Association Asiattitudes : rejoindre l’association et bénéficier d’un espace de soutien pour les personnes asiatiques en France.

📌 Défenseur des droits : signaler des discriminations en lien avec les origines asiatiques.

📌 Podcasts, documentaires, livres et témoignages de créateur·ices asiatiques : consultez notre plateforme de ressources pour découvrir nos recommandations d’oeuvres culturelles et ressources pour lutter contre le racisme anti-asiatique.

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